L'état de l'État de droit - Elise Bernard

État de droit, Hongrie et Serbie

Image par Igor Levitskiy de Pixabay État de droit, Hongrie et Serbie
Image par Igor Levitskiy de Pixabay

Elise Bernard, docteur en droit public et enseignante à Sciences-Po Aix et à l'ESSEC, décrypte chaque lundi sur Euradio les implications concrètes de l'État de droit dans notre actualité et notre quotidien. Ses analyses approfondies, publiées sur la page Europe Info Hebdo, offrent un éclairage précieux sur ce pilier fondamental de l'Union européenne.

L’Etat de droit est au cœur de l’actualité européenne et on comprend bien que ceux qui n’y sont pas favorables le sont pour des raisons bien peu nobles !

C’est évident ! Si on regarde un peu vers l’Est, on remarque que le Premier ministre hongrois et le Président de la République de Serbie exposent leur amitié et leurs points communs.

Oui tous deux aiment bien se montrer liés par leur destin de défenseurs de grandes nations !

Personne ne remet en question l’importance de l’histoire et de la culture de ces grandes nations. Ce qui pose problème, c’est quand elles sont présentées comme tellement grandes qu’elles justifieraient des ruptures du droit et de la paix.

Depuis plusieurs mois, les deux voisins voient un durcissement et une récurrence inquiétante des manifestations d’opposition. Là, il semblerait qu’on ne s’arrête pas à un même style, entre Viktor Orban et Alexandar Vucic. Depuis cet été, ils attirent l’attention pour d’autres raisons.

On en a déjà parlé, les participants hongrois accusent le pouvoir de transformer la Hongrie en vassal de Moscou et d’endetter le pays. Le mouvement anticorruption serbe, parti des universités en novembre 2024, s’étend.

Les deux accusent Bruxelles comme étant l’instigatrice de troubles à la stabilité de leur régime, d’ailleurs.

Oui, mais on voit bien que les reproches à leur encontre, sur les deux rives du Danube, sont similaires. Ces deux têtes de l’exécutif symbolisent la corruption qui plombe les deux pays marqués essentiellement par la fuite des cerveaux et le vieillissement de la population.

Depuis le retour au pouvoir de V. Orban en 2010, la Hongrie est passée de la 50e à la 82e place dans le classement de l’ONG Transparency International sur la corruption, arrivant dernière parmi les membres de l’UE en 2024. Par exemple.

Ce qui est remarquable c’est que cet été, des révélations quant à leurs proches ont attiré l’attention.

Gyozo Orban, père de Viktor 84 ans, est propriétaire d’un domaine supposé être une ferme. Une vidéo virale sur les réseaux sociaux expose un véritable palais. Difficile de nier le double jeu du représentant populiste se disant proche du peuple.

En Serbie, le maire de Belgrade, présenté comme le poulain du président Vucic, fait des affaires avec le gendre Trump et mise tout sur l’Expo2027 un projet d’importance nationale justifiant de ne pas être soumis à la législation en vigueur.

Rien de rassurant pour la suite malheureusement.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.