Aux portes de l'UE

L’Europe de sud-est face à la menace russe : les pays déclarent leur soutien à l’Ukraine pour un futur européen dans la région

© Site officiel de la présidence ukrainienne (Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a eu un entretien en tête-à-tête avec le président serbe Aleksandar Vučić lors du sommet de l'Europe du Sud-Est.) L’Europe de sud-est face à la menace russe : les pays déclarent leur soutien à l’Ukraine pour un futur européen dans la région
© Site officiel de la présidence ukrainienne (Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a eu un entretien en tête-à-tête avec le président serbe Aleksandar Vučić lors du sommet de l'Europe du Sud-Est.)

Chaque semaine, Lyudmyla Tautiyeva nous propose un aperçu de ce qu'il se passe aux frontières de l'Union européenne, traitant de sujets divers tels que la gouvernance, l’entreprenariat, ou encore l'innovation.

La semaine dernière, les dix pays d’Europe du Sud-Est se sont retrouvés à Odessa, principal port ukrainien, pour afficher leur soutien à l’Ukraine face à l’invasion russe. Cette rencontre visait à renforcer leur coopération régionale et à définir des priorités communes en matière de sécurité, d’énergie et de reconstruction.

La réunion s’est tenue dans le cadre du quatrième sommet Ukraine-Europe du Sud-Est, lancé en 2022 par l’Ukraine. Le but de ce sommet est de renforcer les liens entre Kyiv et les pays d'Europe du Sud-Est alors que la menace russe s’intensifie dans la région suite à l’invasion russe. De plus, l’Ukraine partage les aspirations européennes des pays du sud-est européen, notamment celles des pays des Balkans de l’ouest qui ne sont pas encore devenus membres de l’UE.

Ce sommet est une occasion, pour les pays de l’Europe de sud-est, de coordonner et manifester leur soutien à l’Ukraine. Il vise également à favoriser le dialogue sur les enjeux de sécurité communs ainsi que sur les questions de commerce et de développement économique.

Lors de ce quatrième sommet, dix pays dont la Moldavie, le Monténégro, la Roumanie, la Bulgarie, la Croatie, l’Albanie, la Macédoine du Nord, la Grèce, la Slovénie et la Serbie, étaient présents. Tous, sauf la Serbie, ont signé la déclaration commune à la suite du sommet. Cette déclaration condamne l’agression russe contre l’Ukraine, appelle à augmenter le soutien à l’Ukraine et les sanctions contre la Russie. Elle réaffirme également l’importance de l’intégration des pays de la région à l’UE pour la sécurité et la stabilité du continent, ainsi que le soutien à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, entre autres.

De nombreuses raisons ont poussé la Serbie, représentée par le président Aleksandar Vučić, à ne pas signer la déclaration finale. Entre neutralité affichée, liens étroits avec la Russie et équilibres diplomatiques délicats, Belgrade a préféré garder ses distances.

Tout à fait, le Président serbe Alexandar Vučić, connu pour ses sympathies envers le Président russe et les relations qu’il entretient toujours avec lui, a expliqué son abstention de signer la déclaration, allant « à l'encontre de lui-même, son pays et ses politiques ». Cette déclaration fait suite à la position exprimée contre la Russie durant le sommet, notamment l’appel à augmenter les sanctions. Pour rappel, Vucic était présent à coté de Vladimir Poutine lors de la parade du 9 mai à Moscou, ce qui a interrogé Bruxelles alors que la Serbie poursuivait un processus d’adhésion à l’UE. En plus, la Serbie n’applique toujours pas les sanctions européennes contre la Russie et garde une connexion aérienne entre les deux capitales.

Pourtant, la Serbie essaye jusqu’à présent de ménager Bruxelles en soutenant à la fois l’Ukraine et Moscou. Le pays a fourni des armes à l’Ukraine par l’intermédiaire des pays comme la République tchèque, la Pologne et la Bulgarie et a montré son soutien pour le droit international et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

C’était d’ailleurs la première fois que le Président Vučić s’est rendu en Ukraine depuis l’invasion russe en février 2022. Dans son échange avec le Président Zelensky, il a même proposé de piloter la reconstruction de deux petites villes d’Ukraine, en tant qu’aide «tangible» à la population ukrainienne.

Quel soutien les pays d’Europe du Sud-Est apportent-ils à la Moldavie, de plus en plus sous pression de Moscou ?

Effectivement, depuis l’invasion russe, la Moldavie subit une pression grandissante de la part de Moscou. Entre les campagnes massives de propagande russe, les ingérences dans les élections présidentielles en 2024, l’idée de renforcer le contingent militaire russe dans la région séparatiste de Transnistrie, la Moldavie est dans le collimateur de Vladimir Poutine.

Par ailleurs, les élections parlementaires moldaves prévues en septembre, cette année, font l’objet de forte inquiétude des dirigeants du pays. Récemment, le chef des services de renseignement moldaves a averti que la Russie tenterait d'augmenter sa présence en Transnistrie, en déployant 10 milles soldats pour renforcer sa pression sur l'Ukraine, mais aussi son influence près de la Roumanie, membre de l'OTAN.

Lors du sommet, le président Zelensky a mis en garde contre les plans de la Russie visant à s’emparer de la ville d’Odessa, qui a subit des bombardements russes quotidiens, ouvrant la voie à la Moldavie et la Roumanie afin d’augmenter la pression sur ces pays et précipiter des risques pour la sécurité dans le sud-est européen. Ainsi, le soutien constant économique et militaire à l’Ukraine comme le soutien pour une intégration européenne des pays de la région sud-est représente un élément majeur pour la stabilité du continent européen.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.