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Guerre commerciale et tarifs douaniers : les relations transatlantiques en péril ?

© généré par IA Guerre commerciale et tarifs douaniers : les relations transatlantiques en péril ?
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La section parisienne des Jeunes européens vous propose, chaque mois, de décrypter l'actualité de notre Vieux continent. Diagnostic, analyses, propositions ambitieuses... Notre chronique vous permettra sans aucun doute de développer votre esprit critique sur les enjeux européens du moment.

Bonjour à tous, nous sommes Cantor et Amandine, des Jeunes européens Paris, et nous allons aujourd’hui vous parler de la guerre commerciale et de la question des tarifs douaniers dans les relations Etats-Unis et Union Européenne.

Bonjour Cantor, alors première question, que s’est-il passé dernièrement dans les relations entre ces deux puissances ? 

Récemment, le président américain Donald Trump a affirmé vouloir instaurer des droits de douanes réciproques sur l’ensemble des relations commerciales des Etats-Unis, dont l’Union européenne. Concrètement, on parle de droits de douane réciproques à hauteur de 20% sur les importations européennes ainsi que des droits additionnels ou sectoriels et qui s’appliquent sur des secteurs stratégiques comme l’aluminium, l’industrie automobile et l’acier. D’autres mesures sont également envisagées concernant des matières premières. 

Et quel est l’état des négociations actuellement ?

Aujourd’hui, l’OMC est impuissante et les négociations se révèlent extrêmement compliquées. Ce différend est la clé de voûte d’un conflit plus complexe, et pourrait entraîner une escalade tarifaire durable.  Finalement, l’objectif est de s’accorder sur des relations raisonnables à long terme. Mais alors, de quels leviers disposent Bruxelles ?

Si les USA ont décidé de faire trêve durant 90 jours sur les droits réciproques à 20%, c’est également le cas du côté de la Commission européenne qui a admis une suspension provisoire de ceux de 25% qu’elle avait prévu en représailles. Pour autant, la suspension américaine continue de faire pression avec des droits maintenus à 10%. La commission n’hésitera pas à remettre en place ses propres droits si la situation venait à s’empirer. Pour autant la guerre économique euro-américaine dépasse largement la question douanière.

Assurément, il est possible de penser à des sanctions telles que celle infligée à Apple pour son App store de par l’obligation européenne de non-orientation des consommateurs. Les différends ont toujours existé comme ce fut le cas avec la guerre de la banane de 1993 à 2009 mais l’utilisation des droits de douane comme instrument de pression est particulièrement visible sous les présidences Trump. 

Comme tu le dis, les droits de douane ne sont pas nouveaux. Cependant, cette nouvelle stratégie est plus vaste, agressive et instable. Ainsi, ces annonces ont fait chuter les bourses transatlantiques le 23 mai 2025. Face à l’Union européenne, la Maison blanche souhaite combler les déficits commerciaux les plus accrus sans même se questionner sur la dépendance de l’industrie américaine aux imports (pièces détachées…),ou la pertinence d’un tel mouvement protectionniste au sein d’une économie largement tertiarisée.

Dans le cadre des relations commerciales euro-américaines, Washington diffuse des fausses informations en accusant l’Union Européenne de maintenir un excédent de 250 milliards face aux Etats-Unis.  En réalité, quand bien même le marché de biens avantage l’Union, la balance se retrouve rééquilibrée via le marché des services où l’Europe exporte est largement déficitaire, entraînant in fine un déficit total et raisonnable de 48 milliards d’euros pour Washington.

Finalement, certains spécialistes comme Elvire Fabry, responsable de la politique commerciale européenne affirment que des mesures non-tarifaires pourraient également être mobilisées comme les restrictions à l'appel d'offres européennes ou encore l'accès à la propriété intellectuelle de certains logiciels afin d’instaurer d’autres pressions contre Washington. 

Si des mesures claires et strictes de l’Union européenne sont envisagées et entraînent une escalade tarifaire, il faudra rapidement songer au soutien mutuel que les pays de l’Union devront assurer afin de limiter les dommages sur les pays aux économies les plus impactées. Au-delà de ça, une escalade tarifaire risquerait de mettre en péril les besoins des consommateurs de manière directe. 

On pourrait donc supposer que pour remédier à tous ces problèmes, il serait nécessaire de réformer l’OMC pour qu’elle puisse prendre un positionnement plus strict et contraignant.

Et comme on le voit souvent lorsque des formes de conflits énergétiques apparaissent, il est primordial d'encourager les entreprises à mener une diversification de leurs marchés afin de limiter leur dépendance et donc leur fragilité au regard de crises conjoncturelles. Enfin, la menace tarifaire américaine pourrait également conduire à une coalition des pays touchés par ces mesures tarifaires, créant une résistance face à l’unilatéralisme états-unien.

Merci pour votre attention et RDV le 24 juin pour notre prochaine chronique !

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