L’Europe est composée de différents acteurs (États, entreprises privées, organisations internationales…) qui jouent un rôle majeur dans les relations internationales. La série « L’Europe et le Monde » sur euradio cherche à éclairer l’auditeur sur certains aspects de la place du Vieux continent sur la scène internationale.
La situation au Moyen-Orient s’est fortement tendue avec l’attaque israélienne contre l’Iran le 13 juin dernier. Pourtant, au sein de l’Union européenne, les réactions ne semblent pas unanimes. Quels sont les principaux désaccords ?
Effectivement, la crise a révélé de fortes divergences au sein de l’UE. Et c’est la tentation d’un changement de régime à Téhéran qui renforce les lignes de fracture. Plusieurs pays se sont irrités de l’initiative d’Ursula von der Leyen d’appeler Benyamin Netanyahou et de réaffirmer le « droit d’Israël à se défendre », quand c’est l’État hébreu qui a attaqué l’Iran. Ces différences montrent une fracture importante au sein des 27 pays membres. L’Allemagne évidement est l’allié indéfectible de l’état hébreu. Le chancelier a déclaré à propos de la situation au Moyen-Orient : « Je salue le courage d’Israël pour faire le sale boulot pour nous tous, face au terrorisme du régime iranien ». D’autres, comme l’Espagne, l’Irlande, mais aussi la France condamne les attaques injustifiées d’Israël.
Même le Royaume-Uni n’aurait pas été informés en amont de l’attaque par Israël, contrairement aux États-Unis.
Oui, tout à fait. L’opération israélienne a été menée sans que la plupart des alliés historiques en soient prévenus. Ça montre clairement une perte d’influence de l’Europe dans ces dossiers stratégiques. Les États-Unis, eux, ont été pleinement informés et l’ont même soutenu. Cette ignorance complète des européens traduit non seulement un manque de coordination mais aussi une défiance croissante entre Israël et certains alliés. Cette situation renforce le sentiment d’impuissance européenne et souligne à quel point l’UE est laissée à la marge sur la scène internationale.
Face à cette exclusion, est-ce que l’Union européenne continue de privilégier la voie diplomatique pour gérer la crise ?
Absolument, l’UE réaffirme sans cesse l’importance de la diplomatie et appelle à la retenue. Mais comme en Ukraine ou à Gaza, ces appels restent malheureusement inaudibles. La division entre les États membres et le manque de moyens concrets limitent considérablement l’impact des efforts européens. L’Europe tente de jouer un rôle modérateur, mais elle n’a pas vraiment les leviers nécessaires pour imposer une solution diplomatique durable.
Justement quelle est la cause principale de cet échec européen à peser dans ce dossier ?
Le principal problème est le manque de poids militaire stratégique unie des Vingt-Sept. Cette situation limite leur rôle à celui d’un simple commentateur ou médiateur, alors même que la stabilité au Moyen-Orient a des répercussions directes sur la sécurité européenne. Nul ne peut garantir avec certitude l’absence de risques d’une contagion du conflit, y compris sur le sol européen.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.