Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 18 septembre 2025

Manifestation pour la paix et la reconnaissance de l’Etat de Palestine à Paris en mai 2025. Source : Flickr / Parti Socialiste / CC BY-NC-ND 2.0 Aujourd'hui en Europe - 18 septembre 2025
Manifestation pour la paix et la reconnaissance de l’Etat de Palestine à Paris en mai 2025. Source : Flickr / Parti Socialiste / CC BY-NC-ND 2.0

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme :

  • En France, des grèves monumentales, sources d’inquiétude en Europe sur l’instabilité du pays et sa situation budgétaire. 
  • Donald Trump en visite au Royaume-Uni : faste royal et plainte populaire
  • Accord UE-Inde : New Delhi, potentiel allié majeur, présente des obstacles

On ouvre ce journal en France, où ce jeudi est marqué par une journée de grèves et de manifestations. Une mobilisation d’ampleur, portée par les syndicats, pour peser sur le nouveau gouvernement et dénoncer les mesures budgétaires annoncées ces derniers mois.

Oui, les cortèges s’annoncent fournis dans toute la France : enseignants, soignants, cheminots, tous expriment leur opposition à ce qu’ils perçoivent comme une austérité déguisée. Car derrière la question sociale, c’est la dette publique qui domine le débat : elle dépasse désormais les 3 200 milliards d’euros, et aucune stratégie claire ne semble être adoptée pour l’enrayer.

Et cette situation ne préoccupe pas seulement les Français.

Non, elle inquiète aussi à Bruxelles. La Commission européenne et plusieurs capitales, à commencer par Berlin, voient dans la dette française un problème beaucoup plus large que celui d’un simple déficit national. Pour rappel, la France est la deuxième économie de la zone euro : si elle perd la confiance des marchés, c’est toute l’Union qui pourrait être impactée. 

Et ce qui accentue ces inquiétudes, c’est l’instabilité gouvernementale.

Exactement. Emmanuel Macron en est déjà à son cinquième Premier ministre depuis le début de son second mandat. Le nouveau chef du gouvernement, Sébastien Lecornu, doit composer avec une Assemblée fragmentée, sans majorité claire. Et cette incapacité à faire passer des réformes sérieuses alimente la méfiance des partenaires européens. À Bruxelles, beaucoup redoutent que Paris ne devienne l’homme malade de l’Europe.

Alors que peut-il se passer maintenant ?

Si la mobilisation sociale se poursuit et que les marchés commencent à douter, la France pourrait entrer dans une zone de turbulences dont l’Union européenne ne sortirait pas indemne. 

Or, c’est bien ce qui a commencé à se passer la semaine dernière, le 12 septembre, puisque l’agence de notation Fitch a dégradé la note souveraine de l’hexagone. Une note censée évaluer la capacité du pays à rembourser la dette publique. L’une des raisons mise en avant : une capacité politique limitée à consolider le budget à court terme.

On continue ce journal en Angleterre, qui accueille depuis hier une visite du président américain. 

Oui, et le moins qu’on puisse dire, c’est que le Royaume-Uni a mis les bouchées doubles pour recevoir Donald Trump pourtant particulièrement impopulaire auprès des Britanniques.  Le président américain a pu profiter d’un accueil royal. Promenade en calèche au château de Windsor ; dîner fastueux avec le roi Charles III ; défilé militaire et performance de la royal air force, aux couleurs des Etats Unis.

Et cette impopularité du président américain s’est manifestée à quelques kilomètres, à Londres, avec un grand rassemblement. 

Oui, les Londoniens ont montré qu’ils n’étaient pas d’accord avec la pompe déployée pour l’accueil de Donald Trump. Le leader du parti anglais des Verts, Zack Polanski, a désigné cette visite comme “le moment de remettre en question tout ce que représente Donald Trump. Le moment de rejeter sa politique de haine et de division”. Pendant une bonne partie de la journée hier, des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le Parlement - pour beaucoup, drapeau palestinien en main. 

Et aujourd’hui, sa visite sera marquée par un entretien avec le premier ministre britannique, Keir Starmer.

Exactement, et entre les déjeuners et les visites, une négociation sur 10 milliards de dollars d’investissement américain devrait se tenir. Elle concerne les domaines de la tech et du nucléaire principalement. 

Pour Keir Starmer, cette visite intervient alors que son gouvernement traverse une phase périlleuse : son numéro deux, Angela Rayner, a démissionné pour fraudes dans sa déclaration d'impôts, le 5 septembre ; son ambassadeur à Washington, Peter Mandelson, vient de son côté d’être limogé pour ses connexions avec le criminel sexuel Jeffrey Epstein ; et son opposant politique d’extrême droite, NIgel Farage, grimpe dans les sondages, notamment après l’immense rassemblement conservateur qui s’est déroulé à Londres ce weekend.

Et on termine ce journal à Bruxelles, où la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a dévoilé hier une nouvelle stratégie, visant à rapprocher l’Europe de l’Inde. Le pays le plus peuplé du monde représente un potentiel partenaire commercial majeur. 

Oui, pour l’instant une stratégie qui se résume à un rapport d'à peine 20 pages, mais qui annonce un potentiel accord de libre échange formel d’ici la fin de l’année. L’Inde, taxée à hauteur de 50% de droits de douane américains, souhaite compenser ses pertes commerciales en négociant avec les 27. L’UE est le deuxième partenaire commercial de l’Inde, avec plus de 120 milliards d’euros d’échange en 2024 - un chiffre que Bruxelles voudrait voir augmenter, notamment sur le marché de l’automobile. Pour rappel, l’Inde n’importe que 15 000 véhicules par an, sur les 4 millions de vendus sur le territoire.  

Il en va de même pour le marché de l’agriculture, que New Delhi refuse d’ouvrir à l’Europe. Bruxelles souhaiterait voir baisser les taxes indiennes à l’encontre de ses produits, qui peuvent monter jusqu’à 40% dans le cas des produits laitiers par exemple.

Mais un rapprochement avec New-Delhi se heurte à des difficultés, notamment la proximité affichée de l’Inde avec la Russie

Et oui. Alors que la commission européenne prépare un 19e paquet de sanctions à l’encontre de Moscou, l’Inde participe à un exercice militaire organisé par… l’armée russe. L’exercice Zapad, pour être plus précis. Il implique en ce moment 30 000 soldats russes et biélorusses et… un petit contingent de 65 soldats indiens. 

Le chiffre n’est pas très impressionnant, mais il est symboliquement fort pour un pays qui conserve depuis plusieurs années un rôle de gros client pour l’industrie militaire de Moscou - New Delhi a d’ailleurs déclaré vouloir, par cet exercice, “renforcer davantage la coopération en matière de défense et favoriser, je cite, la camaraderie entre l’Inde et la Russie”.

Mais ce n’est pas tout, l’Inde est aussi un client majeur du pétrole russe, le 2eme plus grand derrière la Chine depuis le début de la guerre en Ukraine, avec l’achat de près de 2 millions de barils par jour selon l’Agence internationale de l’énergie. 

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.