Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Guerre en Ukraine : Intrusion de l’espace aérien en Roumanie, l’OTAN en phase de test
- Extrême-droite : Manifestation anti-migrants à Londres, la xénophobie dans la rue
- Arrestation en Turquie : Audience du CHP, principal parti d’opposition - les “dossiers de corruption du siècle”.
On commence ce journal en Roumanie, dont l’espace aérien a été violé samedi par un drone russe, selon le ministère roumain de la Défense. Un nouvel incident qui intervient moins de quatre jours après l’intrusion d’une vingtaine d'appareils russes au-dessus de la Pologne.
Oui, le drone aurait été détecté lors d’une attaque russe contre des infrastructures ukrainiennes proches de la frontière. Immédiatement, l’armée roumaine a fait décoller deux chasseurs F-16, mais ils n’ont finalement pas eu besoin d’intercepter l’engin, qui a continué sa course vers l’Ukraine.
Pas de dégâts matériels ni de victimes donc, mais l’intrusion ne manque pas de renforcer le sentiment d’inquiétude des pays du flanc est de l’Union européenne dont certains sont particulièrement exposés.
L’inquiétude est vive notamment en Pologne, visée par près d’une vingtaine de drones russes mercredi et théâtre de nouvelles intrusions samedi.
Oui, pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pas de doutes : ces deux incursions dans des pays de l’Otan en une semaine sont “une extension évidente de la guerre par la Russie. D’abord de petits pas, puis de grandes pertes”, a-t-il averti sur Telegram. La Pologne reste en alerte maximale depuis mercredi et plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, ont annoncé renforcer leur contribution à la protection de l’espace aérien polonais.
Mercredi, la Pologne invoquait l’article 4 de l’alliance atlantique, qui prévoit une consultation entre alliés si l’intégrité territoriale de l’une des parties est menacée. Conséquence : le lancement d’une opération intitulée “Eastern Sentry”, Sentinelle orientale.
En effet, il s’agit d’un projet de renforcement et de protection des pays frontaliers de l’Ukraine, annoncé vendredi par le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte. Au programme : des forces terrestres déployées dans huit pays dans les prochains jours, et une contribution de différents pays membres. Quelques exemples : le Danemark apportera deux F-16 et une frégate de guerre ; la France, trois Rafales ; et l’Allemagne, quatre Eurofighters.
Donald Trump se dit quant à lui prêt à imposer des sanctions à la Russie mais seulement une fois que ses alliés de l’OTAN auront cessé d’acheter du pétrole russe, a-t-il précisé sur son réseau Truth Social.
On continue ce journal à Londres, en revenant sur les manifestations de grande ampleur ont eu lieu samedi. Un rassemblement présenté comme un “festival de la liberté d’expression”, qui a rapidement tourné aux slogans xénophobes et anti-musulmans.
Oui, des rassemblements d’ampleur inédite. Jamais l’extrême droite n’avait rassemblé autant de manifestants au Royaume-Uni : selon la Police, ils étaient entre 110 000 et 150 000 à défiler dans la capitale sous les couleurs des drapeaux britanniques et anglais - des symboles que se sont appropriés le mouvement anti-immigration.
À l’origine de cet événement : un militant ultra-conservateur, condamné à plusieurs reprises pour agressions et troubles à l’ordre public, Tommy Robinson. À 42 ans, le fondateur d’un groupuscule identitaire et islamophobe a réuni une foule derrière un appel : lutter contre l’immigration.
La manifestation a rapidement dégénéré, marquée notamment par des heurts entre manifestants et agents de police.
Oui, la police a dénombré vingt-quatre arrestations et déploré “des violences inacceptables”. Mais plusieurs discours ont cependant pu être prononcés, notamment par le président du parti d’extrême droite français Reconquête! : Éric Zemmour qui a développé son thème de prédilection, celui d’un supposé “grand remplacement”.
Le milliardaire Elon Musk est apparu en vidéo dans un message de soutien.
Oui, et il est allé encore plus loin, affirmant qu’il fallait “dissoudre le Parlement”. Il a fini par conclure, je cite, “soit vous ripostez, soit vous mourez”. Côté manifestants, beaucoup affichaient leur hommage à Charlie Kirk, influenceur conservateur américain et icône de la mouvance MAGA, assassiné mercredi.
À quelques centaines de mètres du cortège, une contre-manifestation anti-raciste s’est également tenue mais elle n’a réuni que 5 000 personnes.
Et on conclut ce journal en Turquie, où se déroule aujourd’hui l’audience du Parti Républicain du Peuple, CHP, principal parti d’opposition. Ces dernières semaines, une série d'arrestations a fait trembler les rangs de l’organisation.
Oui, et la dernière arrestation est toute récente, elle remonte à samedi : 48 membres de la municipalité de Bayrampasa, dirigée par l’opposition, ont été arrêtés dont le maire et son adjoint et, comme souvent dans ces opérations policières, les suspects sont arrêtés pour allégations de “corruption, extorsion ou fraude”. Pour le dirigeant du parti, Özgur Ozel, c’est une machination du pouvoir pour “prendre le contrôle” des mairies.
Et aujourd’hui, le parti comparaît devant la justice pour des accusations similaires : des supposées “irrégularités” dans le vote de novembre 2023, qui avait justement fait élire Özgur Ozel à la tête du CHP.
Oui, et le moins qu’on puisse dire, c’est que ses membres sont inquiets. Au début du mois, un millier de délégués du parti s’étaient justement réunis pour organiser la réélection de ce chef de parti.
Si la direction du CHP était destituée, il n'existerait presque plus d’opposition politique au gouvernement de Recep Tayyip Erdogan. L’actuel président avait vécu comme une humiliation sa défaite aux élections municipales de 2024, pendant lesquelles le CHP avait repris le contrôle de plusieurs grandes mairies du pays.
Depuis les menaces contre le CHP s’intensifient.
Oui, à l’image du maire d’Istanbul arrêté en mars, Ekrem Imamoglu, le CHP tente de faire face aux attaques du pouvoir et organise des manifestations presque toutes les semaines, mais n’a que peu d’options face à la détermination du pouvoir.
Contre toute vraisemblance le procureur chargé de l’enquête contre le CHP les a récemment qualifiés de “dossiers de corruption du siècle”.
Une victoire tout de même : vendredi, la direction régionale d’Istanbul, qui avait été dissoute sur une première décision de justice, a été rétablie dans ses fonctions. Reste à voir le résultat de l’audience, qui touche cette fois à la direction nationale du CHP.
Comment réagit la rue face à ces attaques contre l’opposition et, enfin, contre la démocratie ?
Hier encore, des dizaines de milliers de personnes ont défilé à Ankara pour soutenir le CHP. Syndicats, associations et élus dénoncent une offensive contre la démocratie mais sans réussir à infléchir le pouvoir.
Un journal de Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.