Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Gaza : début de l’offensive israélienne sur la ville, un “carnage selon l’ONU”
- UK France : mise en place de l’accord sur le renvoi de migrants
- Sanction contre la Russie : Washington impose un casse-tête à l’UE
On commence ce journal à Gaza, où a débuté hier une opération de grande envergure après une nuit de violents bombardements. Une intensification du conflit dénoncée par la plupart des capitales européennes, et par la Commission européenne qui a annoncé vouloir suspendre l’aide financière à Israël.
Oui, après avoir détruit plusieurs immeubles qui restaient encore debout à Gaza City, l’armée israélienne a lancé son offensive au sol pour prendre le contrôle et occuper ce qui était la capitale de l’enclave. Une opération particulièrement violente, qualifiée par la défense civile de Gaza de “massacre majeur”, et ayant déjà entraîné la mort de 125 personnes sur le territoire selon l’agence de presse palestinienne Wafa. L’opération appelée “Chars de Gédéon II” vise officiellement à éliminer les combattants du Hamas du centre-ville, comptabilisés selon l’armée israélienne entre 2000 et 3000 individus.
Les responsables militaires israéliens ont déclaré que l’opération allait s’étendre dans les jours à venir - une initiative dénoncée par plusieurs dirigeants européens.
Oui, à commencer par Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne de l’UE, qui a dit vouloir suspendre les “dispositions commerciales de l’accord d’association UE-Israël” qui cadrent les échanges commerciaux qui s’élevaient à 42,6 milliards d’euros en 2024. Mais rien n’est fait pour l’instant et le plan doit être approuvé par une majorité qualifiée des Etats Membres, ce qui n’est pas gagné du fait notamment de l’Allemagne et l’Italie qui ont jusqu’ici bloqué toutes les propositions de l’UE visant à faire pression sur Israël.
L’idée n’est pas nouvelle, elle avait été présentée par la présidente de la Commission la semaine dernière.
Exactement, Ursula von der Leyen avait déjà haussé le ton mercredi dernier lors de son discours sur l’Etat de l’Union, qualifiant certains ministres israéliens “d'extrémistes”. Hier le porte-parole de la Commission, Anouar El Anouni rappelait que l’Union européenne, je cite, “n’a cessé d’exhorter Israël à ne pas intensifier son opération dans la ville de Gaza”.
La ministre britannique des affaires étrangères, Yvette Cooper, a également été particulièrement ferme, qualifiant l’offensive de “totalement irresponsable et épouvantable”, causant “plus de bains de sang” et tuant “davantage de civils innocents”.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme a aussi pris la parole hier pour demander la fin des violences.
La fin du “carnage” ; c’est le mot qu’a choisi Volker Türk pour désigner ce qu’il se passe à Gaza City. Il a notamment évoqué de “preuves grandissantes” de “génocide’. la Commission d’enquête internationale, indépendante de l’ONU a d’ailleurs publié un rapport hier, dans lequel des experts démontrent que l’Etat hébreu commet quatre des cinq catégories de faits qui définissent un génocide. Une série de conclusions sans appel, qu’Israël qualifie de “biaisée et mensongère”.
On continue ce journal en prenant la direction de la Manche, espace clé des échanges migratoires entre la France et le Royaume-Uni. Un accord sur le renvoi des migrants, signé en juillet, entre en vigueur cette semaine.
“One in, one out”, c’est le surnom qui a été donné à cet accord migratoire dont l’objectif est de lutter contre les traversées illégales de la Manche. Un phénomène qui concerne plus de 25 000 migrants depuis le début de l’année 2025, un record depuis deux ans, et qui pourrait même dépasser le nombre historique de 45 000 traversées en 2022 selon le site InfoMigrants.
Et que prévoit l’accord ?
Et bien il est construit sur un principe de réciprocité. C'est-à-dire que l’Angleterre renvoie en France les exilés arrivés clandestinement par la Manche, et organise en échange un “canal d’entrée” pour accueillir le même nombre de migrants, dit “volontaires”. Une manière de contrôler les chiffres et les entrées.
Mais pour l’instant, aucun départ.
Non, les premiers avions supposés décoller vers l’aéroport de Roissy, à Paris, n’ont finalement embarqué aucun de ces migrants selon une enquête du journal Le Monde. Les départs auraient été bloqués par des recours juridiques, dernière arme de ces exilés qui craignent de retrouver les conditions inhumaines des camps de migrants du Nord de la France. L’accord prévoit tout de même qu’ils soient logés dans un hôtel à proximité de l’aéroport dans les premiers temps qui suivent leur arrivée, mais beaucoup craignent qu’ils retombent ensuite dans les mains de réseaux de passeurs, qui font la loi dans le monde des traversées clandestines.
Pour conclure ce journal, on se penche sur le 19ᵉ paquet de sanctions que l’Union européenne prépare contre la Russie. Sa présentation, initialement prévue cette semaine, a été reportée… et ce retard ne doit rien au hasard : il est directement lié aux pressions de Washington.
Oui, Ursula von der Leyen devait en dévoiler les grandes lignes, mais la présidente de la Commission européenne a dû revoir sa copie après les déclarations de Donald Trump. Le président américain a exigé que l’UE cesse totalement ses achats de gaz et de pétrole russes avant d’accepter de coordonner de nouvelles sanctions avec les Européens.
Alors, quel rôle joue Donald Trump dans ce dossier ?
Eh bien, le président des États-Unis a répété qu’il ne prendrait « de sanctions significatives contre Moscou » que si les Européens sortent immédiatement des énergies fossiles russes. Une condition lourde de conséquences, quand on sait que Bruxelles avait fixé l’échéance de la fin des importations à 2027, pour laisser à la Hongrie et à la Slovaquie le temps de s’adapter à leur dépendance énergétique.
Or, depuis le début de la guerre, l’UE a déjà fortement réduit sa consommation : la part du pétrole russe est passée de près de 30 % en 2021 à moins de 2 % aujourd’hui. Mais pour Trump, ce n’est pas suffisant. En réalité, sa pression s’explique aussi par un autre objectif : faire en sorte que l’Europe compense sa sortie de l’énergie russe en important davantage de gaz et de pétrole… américains.
Sur le réseau social X, Ursula von der Leyen a réaffirmé hier soir que Bruxelles « proposera d’accélérer la suppression progressive des importations de combustibles fossiles russes », tout en maintenant des discussions serrées avec Washington pour que le 19ᵉ paquet de sanctions puisse être présenté avant le sommet européen des 23 et 24 octobre.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.