Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.
Alors, QD, qu’avez-vous retenu de ces derniers jours ?...
Comme vous-même, comme tout le monde, j’ai été stupéfait de cette nouvelle volte-face de Donald TRUMP, désormais fort critique vis-à-vis de celui qu’il tenait il y a peu pour son ami, Vladimir POUTINE. La campagne russe de bombardement intensif de cibles civiles en Ukraine au cours de ces dernières heures semble avoir ébranlé le Président des États-Unis, au point qu’il avance l’hypothèse d’un coup de folie qui aurait frappé le maître du Kremlin.
Cependant, on peut conseiller aux Ukrainiens de ne pas se réjouir trop rapidement de ce changement de pied à la Maison-Blanche, étant donné que M. TRUMP s’est aussi amèrement plaint du Président ZELENSKY, coupable à ses yeux d’avoir estimé que WASHINGTON ne faisait pas suffisamment pression sur MOSCOU pour mettre fin aux combats.
Et, de son côté, Vladimir POUTINE a ses propres soucis…
On savait l’économie russe en cours de conversion aux priorités militaires, mais le peu de fiabilité des statistiques officielles ne permettait pas de s’en faire une idée plus précise.
Or, cela vient de changer. Un rapport digne d’intérêt vient de fuiter, et son constat est sans appel : en Russie, toute l’industrie non-militaire est en stagnation ; la production est en chute pour ce qui est des produits alimentaires comme de l’extraction charbonnière ; la pénurie s’accélère dans l’industrie mécanique et dans le secteur des matériaux de construction ; et l’on assiste à un recul dramatique dans la construction automobile et dans le machinisme agricole.
Contraintes de se reconvertir à la production militaire, un grand nombre de PME souffrent d’un surendettement mortifère. Et le pessimisme s’accentue dans les milieux d’affaires.
Je précise que ce tableau franchement inquiétant pour le Kremlin n’est pas le fruit de l’on ne sait quelle officine de propagande anti-russe : non, il est l’œuvre du très officiel Centre russe d’Analyses macroéconomiques et de Prévision à court-terme.
Le temps ne joue donc pas autant en faveur de la Russie que le proclament les thuriféraires du régime.
Justement, parmi ceux-ci, selon vous, qui se distingue ces jours-ci ?...
Vous le savez, quand on suit au quotidien les numéros télévisés des artistes du genre, on n’est jamais déçu, qu’il s’agisse de M. SOLOVIEV ou de Mesdames SIMONIAN et SKABEEVA ; mais cette semaine, je remets avec admiration la palme de la propagande à M. Anton KOBYAKOV, Conseiller d’État de 1ère classe au cabinet du Président POUTINE, qui, la semaine dernière, devant le Forum juridique international de SAINT-PÉTERSBOURG, s’est appliqué à démontrer qu’un vice de forme frappe de nullité la dissolution de l’Union soviétique en 1991. Conclusion : l’URSS existe toujours, la République socialiste soviétique d’Ukraine en fait partie, et l’actuel conflit armé en Ukraine n’est qu’une affaire purement interne, dont les pays étrangers n’ont pas à se mêler.
Fallait oser. Il l’a fait.
Revenons dans l’Union européenne, où la France n’a pas le monopole du débat sur les pensions de retraite…
En effet, car les mêmes causes produisant les mêmes effets, tous les pays doivent équilibrer dans la durée l’allongement de l’espérance de vie des retraités et la réduction du nombre d’actifs cotisants. La solution évidente – mais qui, apparemment, ne passe pas en France – consiste à retarder l’âge de départ à la retraite.
Et c’est précisément ce que vient d’adopter à une très large majorité la Diète du Peuple, le parlement unicaméral du Danemark, qui instaure la retraite à 70 ans par étapes successives jusqu’en 2040. Cette disposition s’applique à tous ceux, nés après le 1er janvier 1971.
Parmi d’autres, l’Allemagne, les Pays-Bas, et le Royaume-Uni ont d’ores et déjà prévu la retraite à 67 ans, en 2031 pour BERLIN, er dès 2028 pour LONDRES et La HAYE.
Et, pour conclure cette semaine, un anniversaire…
…un anniversaire qui ne mérite aucune commémoration. Le 29 mai 2005, les Français rejetaient à 54,67 % le projet de Traité constitutionnel européen, suivis trois jours après par les Néerlandais, par 61,54 %.
On notera que l’anniversaire des vingt ans de l’échec de ce référendum tombe quelques semaines après celui des quinze ans du Brexit. Le référendum, un explosif à manier avec précaution.
Et le reste n’est que politique.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.