Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.
Alors, Quentin Dickinson, qu’avez-vous retenu de l’actualité de ces derniers jours ?...
Difficile de ne pas évoquer les lendemains des frappes américaines contre les installations nucléaires iraniennes – mais avec tout le recul nécessaire. Pourquoi ? Tout simplement parce les avis des spécialistes, des experts, des commentateurs patentés de la planète, invités à prédire ce qui va maintenant se passer au Proche-Orient, varient de l’embrasement généralisé jusqu’au maintien inchangé de la situation actuelle, sans oublier tous les cas de figure entre ces deux extrêmes.
Vous comprendrez que je n’entends pas aller grossir les rangs de ces pythies de pacotille.
Ce qui ne veut quand même pas dire…que vous n’en direz rien…
Si, je dirais tout mon désaccord avec les pessimistes de tout poil qui déduisent du fait que les Européens étaient absents des opérations militaires et marginalisés dans les échanges politiques que l’Union européenne est humiliée et que les pays qui la composent sont relégués à de la figuration en arrière-plan.
Car cela fait vingt ans que les Européens travaillent dans l’indispensable discrétion à désamorcer ces rivalités et conflits qui accablent le Levant depuis huit décennies – huit décennies à prêcher le langage de la raison, alors que, tous les quatre ans, tout nouveau Président des États-Unis d’Amérique est d’avis que les idées simples de sa campagne électorale apporteront, dans l’allégresse reconnaissante, paix et prospérité à cet Orient compliqué.
L’important, en diplomatie, c’est de ne jamais se décourager ; et la bonne entente entre les ministres des Affaires étrangères de la France (Jean-Noël BARROT), de l’Allemagne (Johann WADEPHUL), et du Royaume-Uni (David LAMMY), ajoutée à l’expérience d’ancienne Première ministre estonienne de Kaja KALLAS, aujourd’hui chef de la diplomatie de l’UE, sont autant de signes que les efforts de retour à la case négociation finiront par l’emporter. On le sait – et les militaires sont les premiers à le reconnaître – les guerres commencent par des écrits et se terminent par d’autres écrits. Autant s’y résoudre.
La guerre n’est malheureusement pas une exclusivité du Proche-Orient, Quentin Dickinson, il y a (notamment) aussi l’Ukraine, où l’UE est loin d’avoir passé la main…
Vous avez raison, car on note ces jours-ci la montée en puissance du programme SAFE, une initiative financière en faveur de la sécurité par l’action pour l’Europe, qui vise à augmenter la production de l’industrie de défense de l’UE. Des fonds importants pourront permettre l’achat d’armes et de munitions européennes par ou pour l’Ukraine.
D’où viendront ces fonds ?...
…ils seront avancés par différentes sources, modulées selon les pays-membres de l’UE, ainsi que par un prélèvement sur le budget de la Commission européenne et par le soutien de la Banque européenne d‘Investissement.
Mais l’élément nouveau, c’est de puiser dans les fonds russes gelés en Europe, c’est-à-dire quelque 250 milliards d’Euros. Pour des raisons essentiellement juridiques, la saisie pure et simple de ces sommes n’est pas encore d’actualité ;
en revanche, il n’en va pas de même, s’agissant des intérêts générés par leur placement auprès de la Banque nationale de Belgique. Et, la semaine dernière, les ministres des Finances de l’UE ont mis au point une formule qui devrait générer des intérêts plus substantiels grâce à des placements davantage risqués. Les Ukrainiens en auront bien besoin, compte tenu de la dernière petite phrase de Vladimir POUTINE.
Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a dit ?...
C’était lors de son discours, la semaine dernière, au Forum économique de SAINT-PÉTERSBOURG – et ça n’avait pas grand’chose à voir directement avec l’économie : « Là », a-t-il martelé, « là où se pose le pied d’un soldat russe, eh bien, c’est à nous ».
Tout un programme.
Mais ne restons pas sur cette parole perverse.
…c’est-à-dire ?...
Je voudrais attirer votre attention sur la personne de Mlle Estelle SOUPET, étudiante en Commerce international à BORDEAUX. A dix-neuf ans, elle s’apprête à passer deux mois en Espagne ; à ALICANTE, elle sera placée auprès du service de mercatique d’une entreprise de sécurité. Sur place, elle se trouvera en colocation avec une Vénézuélienne et un Danois.
De la routine pour les stagiaires du système Erasmus+, me direz-vous – à ceci près qu’Estelle SOUPET se trouve être la deux-millionième personne en France à bénéficier d’une Bourse Erasmus.
On souhaite donc plein succès à Estelle, qui a la chance de participer à cette bien utile formule de dépaysement pédagogique, bien rodée désormais depuis ses débuts, plutôt modestes, il y a trente-huit ans déjà.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.